24/05/2013 - Singapour -Yangon (Rangoon)
Nous quittons Jean-François et Aline tôt le matin pour prendre notre vol pour Rangoon. Une heure et demie de vol plus tard nous sommes en Birmanie. Nous passons tout d'abord une bonne heure dans les bouchons jusqu'à notre hôtel. Nous nous mettons ensuite en route pour le marché Bogyoke Aung San où l'on peut parait-il, obtenir des taux de change intéressants dollar/kyats. Le cours officiel est d'environ 1 USD= 944 Kyats. L'opération s'avère plus difficile que prévue car le marché est fermé aujourd'hui du fait des festivités de la pleine lune marquant le moment où Budha a atteint l'illumination et le Nirvana (Nibbahna). Après nous être faits alpaguer par un pseudo agent de voyage peu scrupuleux nous promettant des taux exceptionnels, nous trouvons finalement un "changeur accrédité"' nous offrant un taux de 1 USD pour 950 Kyats. Le dilemme en Birmanie réside dans le choix de recourir aux services officiels qui enrichissent directement le gouvernement c'est-à-dire les Généraux ou bien recourir au marché noir qui profite plus directement à la population locale. Nous optons pour la seconde solution et essaierons tout au long du voyage de limiter nos contributions à l'Etat, ce qui est un challenge lorsqu'on sait qu'il a la main mise sur l'activité touristique. Par exemple, un tiers du prix d'une chambre d'hotel doit être reversé à l'État par l'hôtelier.
Nous nous baladons ensuite dans les rues animés de Rangoon.
Nous déjeunons d'un bol de pâtes de riz dans un restaurant Shan, une ethnie du nord-est de la Birmanie. Nous visitons ensuite la pagode Sule, un temple de plus de 2000 ans situé en plein centre de Rangoon entre les bâtiments de l'administration publique et des magasins. Le centre de la pagode est constitué d'un stupa, sorte de cône de 450 mètres de haut doré à l'or fin et qui renfermerait un cheveu du 4ème Boudha. Alors que nous contemplons ce magnifique édifice nous nous faisons accostés par deux jeunes gens, Némo et Wai Phyo. Ils sont instituteurs dans un monastère à Yangon accueillant des orphelins. Némo qui parle très bien Anglais nous explique les scènes de dévotion auxquelles nous assistons. Il existe 8 jours de la semaine dans le calendrier bouddhiste, mercredi étant divisé en matin et soir, et à chaque jour correspond un animal (serpent, éléphant, tigre, rat, cochon d'Inde, Garuda). Alex étant né un vendredi son bouddha est celui du cochon d'Inde, pour ML née un dimanche c'est un Garuda (sorte d'humain à corps d'oiseau). Némo nous emmène ensuite faire un vœu devant notre Budha tout en l'arrosant 3 fois avec l'eau de la fontaine sous-jacente à l'instar des autres pélerins. Forts de nos vœux, il nous emmène ensuite faire retentir une cloche afin de partager notre joie, là encore en reproduisant les gestes de dizaines d'autres personnes. Nous allons ensuite coller une feuille d'or sur une statue de Boudha, ce qui est l'un des moyens de "gagner du mérite" dans notre vie terrestre avec pour but ultime d'atteindre le Nibbana. Nous discutons longuement avec Némo de la situation politique birmane, d'Aung San Suu Kyi. Il semblerait que depuis 2010, le gouvernement soit majoritairement composé de civils et non plus de militaires (même s'il semble que ce soient les mêmes politiciens sans uniforme) et que le pays s'ouvre à plus de démocratie. Des journaux privés sont à présent autorisés, le parti d'Aung San Suu Kyi, National League for Democracy a une existence légale et Némo pense qu'elle va gagner les élections présidentielles de 2015. Nous nous séparons après qu'il nous a encore conseillé les différentes régions à visiter en Birmanie. Ravis de cette rencontre, nous partons pour la pagode Shwedagon, l'emblème de Rangoon et le lieu le plus sacré de tous les lieux de culte bouddhistes en Birmanie, un lieu que tout Birman espère voir une fois dans sa vie. Aujourd'hui les Bouddhistes célèbrent l'illumination de Boudha qui avait eu lieu au pied d'un banyan. Nous n'avons pas tout saisi mais la conjonction de la saison des pluies et de la pleine lune définissent ce jour. Pour commémorer l'événement les croyants arrosent les banyans dans les pagodes tout en priant. Nous ne voulons pas visiter la pagode dès aujourd'hui car elle est bondée mais voulons saisir un peu de l'atmosphère de ces célébrations. Le spectacle est vraiment intéressant : un mixte de fête villageoise avec plein de stands de nourriture dont des cafards grillés...et une très grande ferveur religieuse. Nous sommes abordés par un jeune moine venu en pèlerinage à la capitale et sincèrement heureux de pratiquer quelques mots d'Anglais avec des étrangers. Heureux des découvertes et des rencontres de la journée, nous rentrons exténués à l'hôtel.
25/05/2013 -Yangon
Nous nous levons tôt pour visiter la pagode Shwedagon avant les hordes de touristes et peut-être voir les moines en procession pour collecter de la nourriture auprès des habitants du quartier. Les moines en effet ne doivent leur subsistance alimentaire qu'à la générosité des croyants. Nous sommes donc vers 6h30 à la pagode. Elle se situe sur une colline et son stupa doré est visible de presque tous les coins de la ville. Le stupa contiendrait également un cheveu de Bouddha. Il est couvert d'or fin et serti de pierres précieuses au sommet dont plus de 5000 diamants, celui juché au sommet fait 76 carats. Nous contemplons la magnifique architecture du site composé de halls de prière et de temples à chaque point cardinal ainsi que d’innombrables stupas dorés.
Nous sommes alors interpelés par un homme d’environ 70 ans qui comme la veille veut nous faire partager sa culture. Toutefois il nous pose très rapidement des questions sur nos intentions en Birmanie, notre lieu d’hébergement et nous avons vraiment le sentiment de subir en interrogatoire en règles. Lorsqu’il mentionne que le Bouddha d’Obama est celui du mardi nous réalisons que nous avons probablement affaire à un « espion » du régime. La veille Némo nous avait aussi parlé du Bouddha d’Obama qui apparemment était celui du vendredi. Nous comprennons alors que toutes ces anecdotes n’ont pour vocation que de nous faire exposer nos convictions politiques à l’égard des Américains, d’Aung San Su Kyi, de la Chine, du régime et de vérifier que nous n’avons pas l’intention d’aller dans des endroits non autorisés (car certaines régions sont toujours interdites d’accès aux touristes). Nous n’en n’aurons jamais la certitude mais les deux conversations avec Némo et ce monsieur avaient une tournure suffisamment similaire pour insinuer le doute. Nous nous débarrassons de l’ « espion » qui essaie au passage de nous soutirer 10 USD « pas pour [lui] mais pour les vendeurs de fleurs dans le temple » et finissons notre visite. De retour à l’hôtel nous prenons notre premier petit déjeuner birman : une soupe à base de consommé de poisson avec des pâtes de riz appelée mohinga. Nous passons le reste de la journée à visiter Rangoon qui est un mixte entre Hanoi pour l’aspect trafic - klaxons en moins -, petites échoppes et rythme effréné de la ville et Ho Chi Minh pour l’aspect colonial et les bâtiments modernes mais avec le charme en moins. Nous finissions notre promenade par la pagode Botataung dont le stupa est creux et peut-être visité afin de contempler la relique de Bouddha qui y est enfermée (un énième cheveu !).
26/05/2013 Yangon - Mwalamyine (prononcé « Moléine »)
L’horaire matinal du bus pour Mwalamyine nous tire du lit de bonne humeur et en pleine forme à 4h30... Nous enfilons notre petit-déjeuner continental avant de prendre le taxi pour gagner l’un des terminaux de bus. C’est chose faite après 45 minutes de route. Nous ne comprenons pas vraiment pourquoi les gares routières sont tant éloignées du centre-ville à Rangoon. En France, nous n’avons pas le souvenir que la gare routière de Rennes se trouve à Laval… Notre bus se situe entre un bus bolivien et un bus argentin, il roule sans vrai problème, mais le confort n’est pas au rendez-vous. Un premier stop pour permettre aux locaux de manger un curry vers 10h permet aussi à Alex de prendre l’air. Cela ne sera malheureusement pas suffisant et Alex comprend rapidement l’utilité des petits sachets plastiques devant chaque siège… Nous arrivons à Mwalamyine en début d’après-midi. Le tuk-tuk finit d’achever Alex qui arrive lessivé à l’auberge et file directement s’allonger avec l’aide de la moitié du personnel. Pendant qu’Alex fiévreux se repose, ML part chercher un diner à emporter et passe probablement pour une vraie touriste Lonely Planet qui veut voir du pays mais surtout ne pas rentrer en contact avec la population. Au réveil Alex a repris des couleurs et écoute sagement le programme que ML a concocté pour les prochains jours.
27/05/2013 - Mwalamyine
Alex se sent mieux ce matin. Nous débutons donc la journée sagement en prenant le petit déjeuner sur la terrasse, un guide à portée de main pour décider du programme. Souhaitant au maximum découvrir les choses par nous-mêmes nous avons gentiment décliné les propositions de tours qui nous ont été faites et demandé quelques renseignements pour les transports. Nous ne maitrisons pas le birman et les Birmans dans leur grande majorité ne parlent ni français, ni anglais, ni allemand, ni espagnol... Nous montons dans un bus d'un autre âge avec un plancher en bois direction Win Sein Taw Ya. Nous réussissons à indiquer où nous souhaitons être déposés grâce au guide dans lequel les noms des lieux sont écrits et dans l'alphabet latin et l'alphabet birman. Nous descendons à un croisement et refusons de prendre un tuk-tuk ou une moto pour rejoindre le site où se situe le plus grand Boudha Couché (165m). Nous suivons donc la route à pied, en saluant les enfants qui nous lancent des "bye-bye" ou des "mingalaba". Une succession de plusieurs centaines de statues de moines mène jusqu'au monument. Nous ne suivons pas tout ce chemin car le tracé passe à travers la forêt et ne semble pas avoir été emprunté depuis quelques temps. Nous récupérons une route non pavée et arrivons finalement face au fameux bouddha.
L'aspect extérieur est relativement décevant, le bâtiment ne semble pas fini et plus ou moins délabré. Nous rentrons dans le bâtiment et constatons que comme nombre de lieux religieux, le bouddha est construit avec les donations des croyants qui gagnent du mérite par ce biais. Sur 3 ou 4 étages, nous parcourons des salles peuplées par des sculptures représentant différents épisodes de la vie de Bouddha. Comme à l'extérieur, le chantier est en cours ou suspendu : les salles ne sont pas carrelées, quelques mares prouvent que l'étanchéité du toit n'est pas des meilleures. Nous redescendons en songeant au bus qu'il va falloir attraper pour rentrer à Mwalamyine. En arrivant au pied du Bouddha, nous demandons à quelques personnes discutant autour de 2 pick-ups s'il s'agit de transport en commun pour aller jusqu'à la route où nous récupèrerons le bus pour la ville. Nous comprenons le birman comme ils comprennent notre anglais. Nous saisissons donc que la direction est Mwalamyine et que le transport n'est pas payant. Nous voici donc installés à l'arrière d'un truck que nous pensons être un bus direction Mwalamyine en compagnie d'une petite vingtaine d'hommes, femmes et enfants. Ces derniers semblent fatigués de leur après-midi passé à jouer dans l'eau et sur les toboggans. Nous faisons un détour par Kyauktalon Taung où nous nous arrêtons, le temps d'offrir de la nourriture à une armée de singes qui sont plus agressifs et curieux que farouches. Quelques hommes protègent le reste du groupe lorsque les plus téméraires s'approchent trop près du convoi. Nous ne monterons pas au sommet du stupa mais nous aurons été les témoins d'une scène amusante de la vie des locaux. Nous reprenons la route et réalisons que nous ne sommes pas dans un bus mais parmi une famille ou un groupe de villageois partis visiter un lieu sacré pour la journée. Nous sommes déposés à côté de motos-taxis à qui le chauffeur explique notre destination finale et une nouvelle fois, notre proposition de paiement pour le transport n'est pas acceptée. Nous quittons ce joyeux groupe en les remerciant encore pour leur gentillesse et le bon moment passé en leur compagnie.
Nous dînons ensuite dans un petit restaurant local d’une assiette de riz et d’un coca pour l’un d’entre nous puis rentrer dormir dans la cellule sans fenêtre qui nous sert de chambre.
28/05/2013 - Mwalamyine
Après l'escapade au sud de la veille nous partons pour l'autre côté du fleuve à la recherche d'un mini "Golden Rock". Fidèles à notre objectif d'éviter les tours, nous partons pour prendre un bus sur le pont enjambant le fleuve. Après quelques minutes de marche, nous demandons notre chemin pour l'arret de bus susceptible de nous conduire au village de Kyonka. Une institutrice désirant nous aider demande du renfort à un homme dans un magasin qui parle un peu anglais. Il comprend que nous recherchons le village de “Kyon-gu”. La jeune femme nous accompagne alors jusqu'à un terminal de bus. Suivant les conseils de différentes personnes nous montons dans un pick-up en direction de « Kyon-gu » qui pensons nous est la prononciation correcte de « Kyonka ». Nous faisons un premier stop dans un second terminal de bus où nous achetons des ramboutans au prix "touristes" avant de nous diriger vers Kyonka, enfin le croyons nous. Soupçonneux du fait de ne pas traverser de cours d'eau après une grosse dizaine de minutes nous réitérons nos demandes de confirmation quant au fait que nous sommes dans le bon bus pour notre destination. Là nos craintes sont confirmées: le pick-up se dirige vers Kyon-gu, un village dans la direction opposée. Nous avons bien du mal à nous faire comprendre et le guide ne nous est pas d'une grande utilité auprès de villageois qui visiblement sont illettrés. Quelqu'un alpague un taxi-moto, lui donne différentes consignes et nous voici rapidement de retour à la seconde gare routière. Suivant les instructions qu'il a reçues, le taxi-moto nous réserve deux places dans le prochain bus en direction de Kyonka. Il nous aura fallu plus d'une heure pour atterrir dans un bus allant dans la bonne direction. Heureusement que quelques personnes comprennent l'anglais car nous avons encore du boulot pour prononcer correctement les noms birmans. Après une grosse heure de trajet et autant de musique birmane diffusée avec les paroles sur un écran, nous sommes déposés sur le bord de la route. Nous demandons notre chemin à quelques personnes. Finalement, constatant nos difficultés de compréhension, un Birman nous accompagne jusqu'au croisement d'où part la route pour le mini "Golden Rock" et la pagode Nwa-La-Bo. Là après avoir décliné l'offre de taxi-motos nous essayons d'obtenir quelques précisions quant aux autres moyens de transport disponibles. Nos premières tentatives sont vaines jusqu'à ce qu'un jeune garçon vienne vers nous. Dans un anglais hésitant il nous indique qu'un camion doit partir une heure plus tard et pourra nous déposer. La chaleur étant étouffante, nous décidons d'attendre et profitons de cette pause pour déjeuner d’un curry. Nous sommes ensuite conviés à prendre place à l'avant d'un camion chargé de jeunes arbres. Alex propose de céder sa place "passager" à quelqu'un de plus âgé et s'asseoir sur le toit; le refus est catégorique. Nous voici aux premières loges pour une montée de 45 minutes sur une piste de terre plus ou moins humide. Le camion avale les kilomètres en mode deux ou quatre roues motrices selon l'état de la piste et le pourcentage de la pente. Les passagers situés sur le toit doivent se tenir fermement sous peine d'être projetés dans les plantations qui longent la route. Nous découvrons au fur et à mesure de la montée des panoramas sur de nombreuses rizières et les reliefs de la région. Nous sommes laissés au pied du monastère et constatons que le jeune garçon nous a accompagnés. Celui-ci nous escorte jusqu'au fameux rocher doré dans la pagode et tente de nous donner quelques informations quant à la signification du lieu et les noms des villages et monuments que nous voyons au loin.
Une grosse séance photos plus tard, ML demande s'il est possible de voir un moine pour le remercier de nous avoir laissés visiter. Encore une fois la communication n'est pas aisée. Nous proposons à notre guide improvisé qui s’appelle « Mawlé » s'il souhaite que nous fassions une petite séance d'anglais et de français pour l'aider en prévision de futurs touristes puisqu'il souhaite devenir guide. Nous voici tous assis avec le chef des moines autour d'une table à tâcher de communiquer et écrire tour à tour des phrases dans les langues de Shakespeare et Molière pour nous, et leur traduction et prononciation en birman pour Mawlé. Superbes moments que cette heure et demie d'échanges. L'heure est cependant venue de quitter les lieux pour prendre le chemin de retour. Nous décidons de ne pas attendre le camion et attaquons la piste à pied, en compagnie de notre jeune guide qui veut continuer à discuter et travailler son anglais. Ce dernier qui marche en claquettes finit par nous abandonner lorsque le camion arrive à notre hauteur. Nous terminons donc la descente seuls. Arrivés en bas, nous constatons que nous sommes attendus. Mawlé est là. Il nous invite à attendre le bus à l'abri du soleil chez une de ses amies qui tient un café-restaurant le long de la route principale. Notre invitation à partager une boisson fraîche est refusée ; et nous nous réhydratons en écoutant les enfants réciter leurs leçons dans l’arrière boutique. Nous sommes rapidement appelés par notre guide qui vient de stopper le bus en direction de Mwalamyine. Nous le remercions encore et essayons de lui glisser un billet pour le temps passé avec nous. Le refus est catégorique. Nous reprenons la route avec un petit pincement au cœur, en espérant qu'il parviendra à son objectif de devenir guide à part entière.
29/05/2013 - Mwalamyine – Hpa An (prononcé « Pahan »)
Nous rejoignons le terminal de bus à moto avec nos sacs à dos pour nous rendre à Hpa An. Nous avons demandé à l’auberge de nous réserver nos billets et les avons laissés donner les indications au taxi. Nous sommes donc quelque peu surpris de nous retrouver dans une petite cour où il est peu probable qu’un bus puisse rentrer. Nous comprenons rapidement que nos impressions sont justifiées lorsque nous sommes invités à monter dans un pick-up. Nous nous retrouvons avec une autre Française et une Allemande aux meilleures places i.e. calés au fond, juste derrière le chauffeur et les 2 places passagers. Bien entendu, nous faisons un stop au bout de 10 minutes dans un second terminal avant de nous retrouver comprimés par de nouveaux compagnons de voyage. Nous ne pouvons pas réellement profiter des paysages dans la mesure où le véhicule est bondé et que nous nous faisons face. Les quelques images aperçues au gré d’un arrêt nous laissent rêveurs : la campagne semble magnifique avec ses rizières vertes et les travaux des champs. Après deux heures de route nous arrivons à Hpa An cassés part tant de confort que nous passerons l’après-midi à faire des recherches sur le net après un curry exquis en déjeuner. Le soir nous nous promenons tranquillement dans la ville et flânons dans le marché où fruits et légumes asiatiques se mêlent aux stands de barbecue ou nouilles de riz jusqu'à ce que nous restions interdits à la vue d’une femme faisant des crêpes sur une sorte de galetier en fonte. Par conscience nous goutons donc une des crêpes à la noix de coco en guise de mise en bouche. Nous nous endormons en songeant aux tâches et activités que nous n’avons pas pris le temps de faire aujourd’hui : trouver des billets de bus pour notre prochaine destination Mandalay, visiter les pagodes et temples aux alentours de Hpa An. La journée de demain s’annonce chargée.
30/05/2013 - Hpa An
N'ayant pas bougé de Hpa An hier, nous demandons à l'hôtel si d'autres touristes se sont faits connaitre pour le tour d'une journée à la découverte des temples et pagodes. Malheureusement, il semblerait que nous soyons les seuls intéressés. Le prix étant élevé, nous décidons de nous renseigner auprès d'autres hôtels et guesthouses après avoir réservé nos billets de bus nocturne pour Mandalay. Notre recherche de tour n'est pas fructueuse. Bien que les tarifs que nous trouvons soient plus attractifs, le programme est beaucoup plus léger et ne nous permettrait de visiter que les sites les moins éloignés. Nous retournons donc à l'auberge et optons pour un tour en tuk-tuk "privatisé". Le temps d'avaler une soupe de pâtes en guise de petit-déjeuner et notre chauffeur nous rejoint. Nous nous accordons sur le programme en désignant sur une carte les endroits que nous voulons absolument visiter. Quelques dizaines de minutes de route puis de chemin non pavé nous permettent de profiter pleinement de la campagne et des paysages de rizières. Tout pourrait être l'objet de photographies: le travail aux champs avec les buffles, le puzzle de verts que constituent les rizières, les enfants près des habitations...
Nous arrivons à la première grotte de Kawgoon. Le spectacle est impressionnant : dans un décor pouvant faire penser à la baie d'Halong où les rizières auraient pris la place de la mer, nous découvrons une grotte cachée par un monastère. Le lieu a subi l'outrage du temps et de visiteurs peu scrupuleux mais les parois sont encore couvertes de centaines de représentations de bouddhas. Après quelques minutes de tuk-tuk et avoir traversé un village nous atteignons la seconde grotte Yathaypyan; celle-ci se trouve à mi-hauteur de la paroi et est accessible par un escalier que la chaleur rend pénible à grimper. Quelques singes jouent sur les lianes qui pendent à défaut de venir dévorer les offrandes déposées aux pieds des statues. Cette seconde grotte est moins riche que la précédente, mais il est facile d'imaginer le roi Manuaha venu s'y réfugier et méditer au VII siècle.
Kyauk-ka-lat, le troisième lieu que nous visitons est un stupa déposé sur un éperon rocheux au milieu de la plaine. Un lac artificiel a été crée autour et accentue le caractère insolite du lieu.
Notre chauffeur nous conduit ensuite aux jardins Lonebini, au pied du Mont Zwegabin, où plus d'un millier de statues de bouddhas sont déposées à intervalles réguliers. Le quadrillage est remarquable. Dommage que notre chauffeur ne puisse nous expliquer en anglais les raisons de ces alignements. Lors de la pause déjeuner pres d'une retenue d'eau ou locaux et touristes se rafraichissent, nous croisons l'Allemande et la Française avec lesquelles nous étions entassés comme des bestiaux entre Mwalamyine et Hpa An. Nous partons ensuite pour la grotte Saddar. Sur une étroite route de terre, nous traversons rizières et quelques villages où animaux semblent se promener en quasi liberté. Notre chauffeur nous invite à descendre au pied d'une formation rocheuse, nous fait comprendre que nous pouvons garder nos chaussures pour monter jusqu'à la grotte, mais qu'il faudra ôter ces protections dès que nous entrerons dans l'antre où se trouvent des dizaines de statues de bouddha. Les dimensions de la grotte sont impressionnantes. Nous nous aventurons toujours plus dans l'obscurité jusqu'à atteindre un fil électrique porteur de quelques néons. A notre grand malheur, le courant est coupé lorsque nous arrivons à ce qui nous semble etre le fond de la grotte. Nous allumons la lampe torche que nous a confiée notre chauffeur et avancons doucement sur un terrain qui devient de plus en plus glissant sous nos pieds nus. Dans le noir, nous marchons en éclairant chacun de nos pas. L'odeur de fientes de pigeons et chauve-souris attaque de plus en plus nos gorges; nos pieds s'enfoncent parfois dans une mélasse de terre et d'excréments. Nous nous croyons tirés d'affaires quand nous apercevons la lumière. Nous comprenons vite que ce n'est pas le cas. Nous continuons toujours extrêmement prudemment. Alex perd des yeux le fil électrique et s'aventure quelques mètres avant de rebrousser chemin. Manifestement, nous avons perdu la piste. Nous entendons quelques cris provenant du fond de la grotte. Nous faisons encore demi-tour jusqu'à ce que nous croisions un groupe d'asiatiques, visiblement très amusés de leur entrevue de la spéléologie et eux aussi leurs chaussures à la main. Nous tentons de demander quelques indications, mais ne parvenons pas vraiment à nous faire comprendre. Nous perséverons et sur l'intuition de ML tentons un autre chemin. Nous retrouvons le fameux fil électrique et au bout de quelques minutes retrouvons la lumière du jour. La vue est splendide, nous surplombons un petit lac dans ce qui est une sorte de baie d'Halong terrestre.
Nous descendons tranquillement et montons dans le bateau d'un pêcheur qui nous fait passer sous la roche avant de rejoindre notre point de départ. Les paysages sont splendides et probablement encore magnifiés par notre aventure sous terre. Nous profitons des rizières innondées pour nous nettoyer tant bien que mal les pieds qui ont certainement baigné dans des cultures de virus et bactéries qu'ils ne connaissaient pas. Ravis de cette étape, nous vérifions avec le chauffeur s'il reste suffisament de temps pour visiter un dernier site. Il nous indique que le programme initialement convenu est terminé, mais nous conduit à Kawtka Thaung, site moins somptueux que les précédents mais où l'on retrouve une grotte et de nombreuses statues de bouddha et une interminable file de statues de moines; au milieu d'un bassin trône aussi un gigantesque poisson dont nous n'aurons malheureusement pas la signification.
Après cette belle journée de visite nous regagnons Hpa An en profitant une dernière fois des paysages. A peine arrivés, nous récupérons nos sacs et allons attendre le bus. Celui-ci est bien plus confortable que ce à quoi nous nous attendions. Nous allons peut-être même pouvoir passer une bonne nuit!
31/05/2013 - Mandalay
Nous arrivons à Mandalay au petit matin après une nuit glaciale dans le bus dont la climatisation était réglée sur 15 degrés. Après avoir été alpagués par plusieurs chauffeurs de taxi et de motos nous nous résignons la fatigue aidant à accepter l'offre de l'un d'eux tout en sachant que nous nous faisons très probablement avoir sur le prix. Rien de telle qu'une arrivée matinale après une mauvaise nuit pour être une proie facile... Après avoir déposé nos sacs à l'auberge et avalé un plat de pâtes en guise de petit-déjeuner nous prenons un trishaw (une sorte de bicyclette avec un side car où deux personnes peuvent s'assoir dos à dos) pour nous rendre à la jetée de Mandalay. Nous prenons le bateau pour nous rendre à l'ancienne cité de Mingun.
Malheureusement le bateau est géré par une entreprise gouvernementale et nous savons donc que le montant payé ira directement aux généraux... Après une heure de navigation sur la rivière Irrawady nous arrivons à Mingun où nous attendent déjà les vendeuses de cartes postales et les conducteurs de carriole pour nous faire faire le circuit touristique. Après qu'Alexandre est parvenu difficilement à semer l'une des vendeuses, nous commençons la visite des lieux par la pagode Settawaya (1811) où repose une empreinte de Bouddha. Nous nous rendons ensuite à la pagode de Mingun, véritable attraction du lieu et supposée plus grande pagode au monde si elle avait été achevée avant le décès du roi Bodawpaya en 1819. Un tremblement de terre 20 ans plus tard endommagera le bâtiment qui est aujourd'hui probablement le plus gros tas de briques au monde. Mais quel tas de briques! La base du temple fait près de 150 mètres de haut. L'édifice achevé aurait dû faire le triple. Nous poursuivons notre chemin lorsqu'un agent de l'Etat vient nous indiquer qu'il nous faut payer un billet d'entrée à un guichet situé un peu plus loin pour poursuivre notre visite. Nous répondons que nous allons d'abord prendre quelques photos de la rivière et repasserons. En suivant le long de la rivière nous contournons facilement le guichet sans avoir à financer davantage le régime. Les fonctionnaires ici ne semblent ni très zélés ni très malins car aucun des touristes à qui nous avons demandé n'a payé de droit d'entrée ce jour là. Un tour à la cloche de Mingun, la deuxième plus grande au monde (90 tonnes) après celle de Moscou paraît-il. Nous terminons notre balade avec la très belle pagode blanche Hsinbyume. Elle évoque à ML une grosse meringue avec ses 7 terrasses crénelées représentant les 7 chaînes de montagne entourant le Mont Meru qui selon la représentation boudhique du cosmos se situe au centre de l'univers. Nous prenons un curry dans une gargote locale où nous découvrons avec plaisir les saveurs de la mangue verte avec de la sauce pimentée. De retour au bateau nous nous félicitons d'avoir fait cette excursion hors saison car les magasins de souvenirs en tout genre (probablement made in China) font de ce lieu une vraie usine à touristes. De retour à Mandalay en début d'après-midi nous rentrons à l'hôtel en moto taxi en zigzagant à travers les bouchons. Nous faisons une étape dans un bureau de change où nous constatons que les taux sont bien moins favorables qu'à Yangon (935 versus 950). Nous louons ensuite des vélos et partons vers la cité d'Amarapura où se trouve le pont U-Bein. Il s'agit d'un pont de plus de 200 ans construit en tek et qui serait le plus long au monde en bois. Il enjambe le lac Taungthaman et relie le village du même nom à Amarapura. Nous observons le va-et-vient des villageois sur le pont en attendant le coucher de soleil et visitons également la pagode Kyauktawgyi dans le village. Nous sommes cependant un peu déçus du paysage. Le niveau du lac est très bas en cette saison des pluies et le pont est bien moins impressionnant que dans le souvenir de ML qui était déjà venue. Alors que nous retraversons le pont pour rejoindre nos vélos, nous sommes interpelés par un moine que nous avions déjà croisé à l’aller. Il s’appelle Hott Ta Ma et a une soixantaine d’années. Avec l’accord de sa femme, il est parti pour 7 ans apprendre la méditation dans un monastère voisin. Ses enfants viennent lui render visite régulièrement. A l’issue de son apprentissage il retournera dans sa famille. Dans un très bon anglais, appris dans une mission religieuse, il nous parle du régime et d’Aung San Suu Kyi, de la révolte des moines en 2007 suite à l’augmentation des prix de l’essence. La nuit tombant nous devons le laisser mais il insiste pour nous raccompagner jusqu’à la route qui nous ramène à Mandalay. C’est ainsi qu’Alex se retrouve avec un passager en toge rouge sur son porte-bagage. Par décence, ML n’osera pas prendre de photo. Dommage car le spectacle était assez insolite avec le vélo tanguant sur la route défoncée, la toge du moine volant au vent dans le crépuscule. Nous rentrons à la lumière de nos lampes de poche car nous réalisons trop tard que nos vélos ne sont pas équipés d’éclairage. Nous dînons d’excellents chapattis (galette indienne) avec du curry dans un restaurant indien installé dans la rue puis rentrons à l’hôtel.Nous avions déjà remarqué une odeur nauséabonde de poisson dans notre chambre en sous-sol et avions demandé à changer de chambre plus tôt dans la journée ce qui nous avait été refusé à moins de payer un supplément. L’hôtelier à cours d’argument avait même prétendu que l’odeur venait de nos sacs. Lorsque nous rentrons après le diner, l’odeur est juste insoutenable. Excédée ML va voir l’hôtelier qui s’apprête à se coucher dans le hall de l’hôtel et assure qu’elle ne dormira pas dans cette chambre nauséabonde et que s’il le faut elle dormira dans le hall. De plus, s’il n’est pas plus respectueux de ses clients- c’est un hôtel recommandé par le Lonely Planet- ML l’informe qu’elle fera une mauvaise revue sur Trip Advisor. L’argument semble porter… Le responsable de l’hôtel est alors contacté et nous sommes transférés dans une autre chambre. Un employé de l’hôtel, très gentil et qui avait vraiment essayé de trouver l’origine de l’odeur avance timidement que l’odeur vient du sac de ML. Personne ne prête vraiment attention à ce qu’il dit… Arrivés dans notre nouvelle chambre, nous vérifions nos sacs et découvrons qu’en effet le sac de ML a dû subir un traitement “poisson” dans la soute à bagage du bus en provenance de Hpa-An. Après avoir essayer de masquer l’odeur à l’aide d’huile essentielle d’orégan, c’est un petit peu honteux que nous nous endormons…
01/06/2013 – Mandalay- Hsipaw (prononcé « Sipo »)
Nous devions prendre le bus de 5 heure du matin pour nous rendre à Hsipaw mais notre hôtelier peu sympathique nous a informés hier soir que le bus est complet et que nous devons prendre celui de l’après-midi. Nous soupçonnons que la compagnie du bus préfère rassembler les touristes dans celui de l’après-midi et laisser les places aux locaux le matin. Nous avons donc une matinée à tuer à Mandalay et décidons de nous rendre en tuk-tuk dans un atelier de fabrication de feuilles d’or. C’est ainsi que nous rencontrons Soe Soe, chauffeur de tuk-tuk, guide à ses heures avec sa page facebook et des recommandations sur TripAdvisor. Il était juste arrêté devant notre hôtel. Très sympa, il commence à nous raconter sa vie dans un très bon anglais qu’il a perfectionné avec les touristes. Il nous raconte qu’Aung San Suu Kyi est son « héroïne » et qu’elle va gagner les prochaines élections. Lors de la révolte en 2007, il était au premier rang des manifestants et de ce fait il a dû fuir le pays pour échapper à la prison et se réfugier en Thaïlande avec sa famille. Il n’est rentré en Birmanie qu’il y a un an après que le gouvernement civil a invité les réfugiés à rentrer au pays sans encourir de sanctions. Il nous raconte sa vie de réfugié et comment il avait réussi à déjouer un contrôle de la police thaïlandaise en ne prétendant parler qu’anglais. Puis nous discutons des tensions intercommunautaires entre musulmans et bouddhistes (une jeune femme bouddhiste a été violée par des musulmans dans l'Ouest du pays entraînant plusieurs jours d’échauffourées entre communautés; il y a quelques jours, une femme bouddhiste a été immolée par un musulman suite à une querelle commerciale quant au prix de l’essence à Lashio avec les mêmes conséquences). Pour Soe Soe le sentiment islamophobe qui s’exprime peut s’expliquer par le fait que les musulmans sont considérés comme plus proches du régime que les bouddhistes. Après avoir visité l’atelier de feuilles d’or où nous apprenons que les morceaux d’or sont martelés à la main pendant plus de 8 heures avant d’obtenir la finesse et la largeur désirée, nous décidons de continuer notre balade pour quelques heures avec Soe Soe. Il nous emmène alors au marché de jade où il a travaillé dans sa jeunesse. Le marché est organisé par métier: les vendeurs de roche brute, les tailleurs de pierre, les collecteurs de pierres (positionnés dans le marché en fonction de la valeur des pierres qu’ils recherchent). La couleur des pierres est magnifique et cela fait vraiment envie. Mais acheter dans ce marché en tant qu’occidental conduit inévitablement à se faire arnaquer. La légende dit qu’un touriste aurait payé 2000 USD pour se faire refourguer de fausses pierres… Nous finissons notre tour au monastère Shwe In Bin, un beau monastère en tek datant de 1895. Notre guide nous emmène pour le déjeuner dans un restaurant local au fond d’une ruelle. Les curries sont délicieux et nous sommes les deux seuls blancs dans la petite salle où nous mangeons assis par terre en compagnie de locaux. Ils semblent appréciés notre présence et nous demandent par gestes si nous apprécions la nourriture.
C’est à l’arrière d’un camion que nous sommes “transférés” depuis l’entreprise de transport jusqu’à la gare routière, située une nouvelle fois en dehors de la ville. Le bus est moins confortable que les bus précédents mais comme chaque fois il nous est offert tune bouteille d’eau et des sachets plastiques en cas de mal de transport ou pour recracher à grand renfort de raclements de gorges les chiques de bétels comme les locaux….
Le trajet est paisible et hormis une crevaison une heure avant d’arriver, aucun incident n’est à déplorer. Nous arrivons de nuit à Hsipaw après 7 heures de voyage et allons nous installer dans l’auberge toute neuve Yin Shee qui nous avait été recommandée par d’autres touristes. Nous ne visitons pas la ville mais pouvons d’ores et déjà constaté d’après la carte qu’elle est organisée autour des Misters : Mister Food, Mister Shake, Mister Book…
02/06/2013 - Hsipaw
Après une bonne nuit dans la meilleure literie depuis le début de notre voyage, nous commençons la journée en rendant visite à Mister Book. Il s’agit d’un vieux bouquiniste ayant son échoppe sur la rue principale. Un couple d’Allemands rencontrés à Mandalay nous l’avait recommandé car il leur avait expliqué comment faire une randonnée de 2 jours en autonomie sans prendre de guide. Nous nous présentons donc devant son stand et sommes soumis d’entrée de jeu à une première question : « Dans quel hôtel logez-vous ? ». Apparemment notre réponse était la bonne car il nous invite à entrer dans son arrière-boutique. Il nous explique alors qu’il ne nous aurait pas aidés si nous avions logé dans une guesthouse gérée par des Chinois car ceux-ci l’ont dénoncé aux autorités en argumentant qu’il envoyait les touristes dans des zones non autorisées. Ceci n’est apparemment pas le cas mais il est vrai qu’il explique aux touristes comment faire des randonnées seuls tandis que cette guesthouse vend ses propres tours. Nous passons une bonne heure et demie avec Mr Book qui nous explique les 2 types de treks que nous pouvons faire : l’un dans les alentours de Hsipaw (2 jours, une nuit) et l’autre de Namhsan à Hsipaw (3 jours, 2 nuits). Nous discutons également de la situation politique du pays. Mr Book est membre du parti National League for Democracy mais il est pessimiste sur les chances d’Aung San Suu Kyi d’être présidente du pays car il pense que d’ici là les militaires auront repris le pouvoir. En effet il existe actuellement de fortes tensions intercommunautaires entre bouddhistes et musulmans. Mr Book qui est musulman, lui-même soupçonne l’état sinon de soutenir du moins d’entretenir ces dissensions afin que le pays soit au bord de la guerre civile ce qui permettrait aux militaires de reprendre le pouvoir constitutionnellement et d’annuler les élections de 2015…Il nous donne un autre éclairage sur l’immolation ayant eu lieu à Lashio, indiquant que les journaux avaient rapporté à peu près tout et son contraire, et qu’au final le musulman incriminé était un drogué. Il nous explique aussi que le lendemain de cet évènement tous les magasins tenus par des musulmans à Hsipaw ont baissé leur rideau de peur des représailles.
Après cette intéressante discussion, Mr Book emmène ML sur sa mobylette pour acheter nos billets pour partir le lendemain à Namhsam. Nous avons en effet opté pour le trek de 3 jours dans la région appelée la « petite Suisse birmane ». Nous repassons en début d’après-midi devant l’échope de Mr Book et il nous invite pour discuter avec 2 jeunes élèves à qui il enseigne l’anglais en prévision de leur entrée à l’université : Cathy qui veut étudier l’économie et Sajai qui voudrait enseigner le birman. Nous faisons une petite demie-heure de conversation anglaise avec eux, leur montrons quelques photos d’Australie qui serait la destination de prédilection de Sajai s’il pouvait voyager.
Nous passons le reste de la journée à visiter Hsipaw : le marché où ML trouve un T-shirt pour adapter sa garde-robe à la chaleur de l’Asie, la caserne de pompiers avec ses camions dignes d’une collection (le plus vieux date de 1920 et est encore en fonctionnement). A 16 heures, nous nous rendons au palace du dernier prince Shan de Hsipaw (Sao Kya Seng). Cette maison est gardée par le neveu du prince, Mr Donald et sa famille. C’est sa femme qui nous fait visiter les lieux et nous racontent l’histoire familiale. En 1962 lors du coup d’Etat militaire, tous les leaders Shan furent arrêtés. Sao Kya Seng ne sera jamais libéré et serait mort en prison dès 1963. Sa veuve, une Autrichienne convertie au Bouddhisme et à la culture Shan, a relaté ces faits dans un livre intitulé « Twilight over Burma : My life as a Shan princess ». L’histoire se répéta en 2005. Les leaders tribaux Shan furent convoqués par les Généraux sous le prétexte de contribuer à la rédaction d’une nouvelle constitution suite à l’annulation des élections de 1990. Ils furent ensuite arrêtés et emprisonnés… Ces arrestations ont conduit l’armée de l’Etat Shan à s’opposer aux forces gouvernementales pendant ces 8 dernières années. Mr Donald qui ne siégeait pas ce jour-là fut arrêté sous le prétexte fallacieux « d’exercice de l’activité de guide touristique sans licence et diffamation de l’Etat ». Il sera libéré en 2009. La discussion avec sa femme nous permet de mieux comprendre la situation politique du pays mais nous permet également de pointer l’écart qu’il existe entre les « leaders » et les villageois. Cette femme nous explique que les années qui ont suivi le coup d’Etat de 1962 ont été très difficiles pour les leaders Shan du fait du rationnement. Et candidement pour illustrer ses propos, elle nous raconte que contrairement aux villageois qui étaient habitués à ne manger que du riz, eux, « les personnes plus éduquées » avaient l’habitude de mettre du lait dans leur café. Avec le rationnement ceci n’était plus possible…
Nous finissons la journée par la visite de « little Bagan », un ensemble de stupas en briques de style Shan. Les ruines tiennent encore debout malgré le travail de la végétation au milieu des champs tout autour du monastère "du Bouddha en bambou". Après le dîner, nous avons donné rendez-vous au réceptionniste de l’hôtel pour lui enseigner un peu de français et d’anglais. Il est extrêmement gentil et serviable et nous voulons un peu l’aider. A 21h, nous demandons au propriétaire de l’hôtel si son employé peut passer un peu de temps avec nous (nous sommes les seuls clients). Il est non seulement d’accord mais il appelle également son fils de 15 ans et s’assied avec nous pour bénéficier du cours. Nous passons une bonne heure et demie à apprendre aux deux jeunes gens des phrases simples sur le thème de l’hôtellerie. Une soirée sympathique et probablement utile!
03/06/2013 - Hispaw - Namhsan
Nous partons ce matin en camion à Nahmsan. A notre grande surprise deux rangées de sièges en bois sont installées dans la benne du camion couverte d'une bâche. Le trajet de 6 heures devrait donc être relativement plus confortable que prévu. En revanche nous n'avons pas trouvé de masque pour nous protéger de la poussière et il n'y a pas eu de pluie depuis plusieurs jours. Très rapidement nous comprenons que notre chauffeur doit être un cousin de Sébastien Loeb vu sa conduite plus que sportive. Pourquoi freiner dans des virages en lacets sans visibilité quand on peut déraper facilement jusqu'au bord de la falaise? Pause petit-déjeuner inclue nous ferons le trajet supposé de 6 heures en à peine 3 heures trente. Nous arrivons donc à Namhsan, jolie bourgade à majorité chinoise vers midi et demi couverts de poussière. Nous sommes déposés devant la seule auberge autorisée de la ville et par conséquent gouvernementale. Nous croisons un policier un peu plus tard dans la rue qui s'enquiert de notre lieu d'hébergement. Auparavant deux familles dans le village hébergeaient des touristes étrangers mais cette activité a été interdite. Il semble donc satisfait avec notre réponse. Nous attendons la fin d'une pluie torrentielle de deux heures pour partir déjeuner. Nous nous arrêtons dans ce qui doit être un restaurant avec une table unique mais qui pourrait tout aussi bien être la cuisine d'une maison particulière. Nous prenons le plat unique de nouilles de riz qui est une spécialité shan. Nous passons le reste de l'après-midi à visiter le village. Nous nous arrêtons dans une petite "usine locale" faisant la commercialisation du thé récolté dans les plantations environnantes et observons la quinzaine d'employés occupés à trier les feuilles manuellement tandis que d'autres debout sur des sacs de feuilles essaient d'en faire sortir l'eau. Nous poursuivons jusqu'à un monastère situé en hauteur à la sortie du village pour découvrir les montagnes entourant le village dont les pentes sont recouvertes de plantations de thé. De retour à l'auberge notre hôtelier nous explique l'itinéraire de notre randonnée de 3 jours nous indiquant les villages où nous pourrons déjeuner et passer la nuit. Il nous fournit également une carte assez sommaire du parcours. Il est 19h30 lorsque nous finissons cette discussion et partons en quête d'un restaurant pour dîner. Tout est déjà fermé! Nous finissons par trouver LE seul restaurant ouvert et dînons rapidement d'un nouveau plat de pâtes de riz à la mode shan. A 20h30 tout le village dort déjà et nous partons en faire autant.
04/06/2013 - Nahmsan - Ohmtet
Après un petit-déjeuner chinois composé de brioches vapeur fourrées au poulet, puis l'achat de quelques stylos pour distribuer dans les écoles, nous nous mettons en route pour Kyauk Phu le premier village de notre périple. A la deuxième intersection dès la sortie de Nahmsan, nous hésitons. Nous rencontrons alors U Saw Ly, un villageois qui nous montre le chemin et les raccourcis que nous n'aurions jamais empruntés. Après une heure de marche, nous arrivons au fameux village. Il est 9h30 et il fait déjà chaud. ML ayant décroché dans la dernière montée, U Saw Li nous fait signe de nous reposer dans le magasin du village. Il demande à ce que l'on nous serve du thé vert et nous achète 2 bouteilles d'eau. Nous en avons déjà suffisamment dans nos sacs pour 2 jours mais il refuse que nous le remboursions. Il accepte cependant les biscuits que nous achetons pour ses enfants ainsi que quelques crayons. Nous le laissons et repartons en direction du village de ManNo où nous pourrons déjeuner. Nous traversons sur le chemin les villages de Loi Sam Si et de Ho Chau. Nous passons un peu de temps dans ce dernier à distribuer des ballons de baudruche d'abord à quelques enfants puis à tout le village nous semble-t-il. Nous avons également apporté des cahiers et des crayons mais ne parvenons pas à trouver l'institutrice. Nous faisons le tour de l'école avec les enfants puis repartons pour ManNo. Nous déjeunons d'une soupe très copieuse dans un des deux magasins du village et y retrouvons un couple de villageois et leur bébé qui étaient avec nous la veille dans le camion pour Nahmsan. Notre hôte nous conseille de traverser le village de Baizain pour rejoindre Ohmtet plus rapidement. Dommage que nous ne parlions pas birman car nous ne trouverons jamais ce village. Les villageois rencontrés ont essayé de nous aider mais bien souvent ils ne pouvaient lire notre carte car les noms de village y étaient inscrits en alphabet latin. Une dame nous offre même des bananes et refuse catégoriquement que nous les lui payons. La générosité sans borne de ceux qui n'ont rien... Après près de 4 heures de marche, quelques détours et de nombreux arrêts pour demander notre chemin, nous arrivons finalement à Ohmtet lessivés. Nous nous arrêtons au premier magasin du village tenu par Tinoo et qui fait également chambre d'hôte. Alex est invité à se rafraichir à un robinet dans l'arrière-cour au vu de tous et préfèra rester sobre en n'enlevant que son t-shirt et pantalon, histoire de ne pas faire de jalouses... Après notre dîner (une soupe de nouilles de riz), Tinoo s'installe avec nous et demande à voir nos photos de Birmanie. Au cours de la discussion en anglais qui s'ensuit nous en apprenons plus sur sa vie. Veuve et mère d'une fillette de 10 ans, elle vit avec ses parents, son frère muet, sa sœur et son mari avec leur bébé de 2 ans. Elle cumule 4 jobs: institutrice le matin pour enfants de 2ème grade, elle tient une épicerie, fait des travaux de couture et gère sa maison d'hôte tandis que tout le reste de sa famille travaille dans la plantation de thé. Nous allons nous coucher à l'étage dans une grande pièce qui sert également de grenier et que toute la famille doit aussi traverser pour regagner sa chambre. Nous nous endormons sur des nattes sur lesquelles des petits matelas en mousse ont été posés pour plus de confort. Les chats de la maison viendront nous rendre visite pendant la nuit.
05/06/2013 - Ohmtet - PanNyung
La maman de Tinoo vient nous voir au lit ce matin et nous demande par geste si nous avons vu un animal qu'elle tente d'imiter et que nous comprenons être le chat. En fait Alex rencontrera le fugitif plus tard dans la cour, c'était un gros rat...
Tinoo nous a préparé un petit déjeuner de rois qui aurait pu facilement remplir l'estomac de 4 personnes: omelette, légumes, riz, croquettes de pomme de terre et durian. Tinoo se maquille comme toutes les Birmanes à l'aide d'une racine de thanaka humidifiée qui laisse une couche crémeuse de couleur blanche-jaune sur la peau et qui sert à la fois de maquillage et de crème solaire. Elles l'apposent généralement sur les joues et le front. Les enfants et parfois les hommes aussi en portent. Après une séance maquillage pour ML - Tinoo lui a prêté sa trousse -, nous l'accompagnons à l'école où elle enseigne afin de distribuer cahiers et crayons. Nous apprenons avec tristesse que la fille de Tinoo ne va pas à l'école mais travaille toute la journée à la plantation...
Les enfants crient littéralement de joie en voyant leur maîtresse et c'est à qui arrivera le premier pour lui porter son sac et son parapluie. Ils entonnent ensuite une chanson pour lui souhaiter le bonjour.
Nous les laissons à leurs leçons et commençons à marcher en direction du village de Kunhok Nord. Nous arrivons dans le village sous un torrent de pluie. Un homme nous fait alors signe depuis le palier de son magasin de venir nous abriter. Il nous offre le thé. Il nous explique qu'il est Chinois et que ses enfants et sa femme vivent toujours là-bas. Sur les photos leurs vêtements et les lieux où ils sont contrastent fortement par leur modernité avec la petite échoppe au sol en terre battue. Aurait-il contrarié le régime de son pays et serait venu ici se réfugier? Nous reprenons notre route sous la pluie sous le regard des villageois qui semblent vraiment nous prendre pour des fous. Il pleuvera averse pendant 2 bonnes heures. Les moto que nous croisons portent des chaînes sur la roue arrière, voire sur les deux roues pour réussir à s'extirper des ornières boueuses des routes de montagne reliant les villages entre eux. Nous déjeunons à Kunhok Sud dans le premier magasin de la ville. Lorsque nous arrivons le père est attablé avec 4 de ses enfants tandis que le dernier né baigne dans ses langes après s'être soulagé sur la natte de la salle à manger... Un sixième enfant apparaît un peu plus tard. Le nourrisson, pour ce que le concerne ne sera changé que lorsque sa grande sœur de 8 ans aura terminé de débarrasser la table. Nous déjeunons d'une soupe de nouilles, d'une omelette et de cacahuètes grillées. Nous donnons quelques ballons de baudruche aux enfants qui semblent apprécier puis nous remettons en route. Nous mettrons quatre heures à atteindre le village de Pan Nyung sans qu'aucune des personnes rencontrées aient pu nous donner une estimation exacte du temps de parcours, habitués à le faire en deux roues. Tout l'après-midi nous entendons le bruit d'un camion luttant dans la montagne pour avancer. Nous le croiserons finalement à l'entrée de Pan Nyung. Il s'agit du camion faisant la collecte dans les plantations de thé. Il a beau être équipé de quatre roues motrices et de chaînes, il avance péniblement sur la piste boueuse et semble prêt à se renverser à tout instant tellement la benne tangue d’un côté à l’autre de la piste. L’un des deux chauffeurs marche à côté du camion afin de poser des cales sous les roues en cas d’arrêt en côte, creuser la route avec une pioche lorsqu’il est enlisé ou bien comme nous le voyons faire sous nos yeux passer un câble autour d’un arbre afin d'utiliser le treuil pour et sortir le camion de l’ornière où il était bloqué. Un travail de galérien! Lorsque nous arrivons finalement dans le village, les habitants sont moins accueillants que d’habitude et semblent tristes et fatigués. C’est la première fois que nous remarquons cela. Jusqu’à présent les villageois rencontrés bien que vivant dans une grande pauvreté semblaient heureux. Nous passons la nuit dans la meilleure maison du village appartenant à un couple mixte (Pa-O pour lui, chinoise pour elle) avec 4 enfants. Ils tiennent le magasin du village, possèdent un porc et semblent plus « aisés » que les autres membres du village. Les toilettes sont installés en contrebas de la porcherie ce qui en ces temps de mousson ne semble pas vraiment une bonne idée. Nous dînons d’un plat de nouilles shan et allons dormir comme la veille sur des nattes dans la pièce à l’étage de la maison que la famille traversera pour aller se coucher. Nous ne pourrons malheureusement pas beaucoup discuter ce soir-là car nos hôtes ne parlent que très peu l’anglais. Mais nous assistons à une scène touchante. Pour célébrer notre présence et le complément de revenus que cela représente pour eux, les 2 parents et les 2 enfants de 2 et 3 ans se partagent une cannette de coca-cola : petite douceur pour améliorer l’ordinaire…
06/06/2013 - Pan Nyung - Hsipaw
Après un copieux petit-déjeuner comme la veille, nous nous mettons en route pour Hsipaw. Mais auparavant nous voulons faire un tour à l’école du village pour donner nos derniers crayons. Deux petits garçons de deux ou trois ans sont en train de jouer. Lorsqu’ils aperçoivent Alex avec sa grosse barbe et sa casquette, ils déguerpissent apeurés. Ils partent se réfugier dans l’école abandonnée. Nous pouvons les voir à travers les fenêtres : ils tremblent tellement ils ont peur, ils n’ont probablement jamais vu de « blancs » et encore moins avec une barbe… Nous leur lançons alors 2 ballons de baudruche à travers la fenêtre puis nous nous en allons afin de ne pas les effrayer davantage. Quelques minutes plus tard, nous entendons leurs cris de joie. Désormais rassurés, ils jouent probablement. Il nous faut une heure trente pour arriver au village de Pan Lan puis dans la vallée de Hsipaw. Nous passons les 3 dernières heures de marche le long de la route en plein soleil. C’est donc avec une migraine que ML arrive en début d’après-midi à l’hôtel et va directement se coucher. Alex profite de l’après-midi pour siroter un lassi ananas chez Mister Shake puis faire une séance internet. Nous rendons une dernière visite à Mr Book pour parler de notre randonnée. Lorsque nous l’informons que les habitants du village de Pan Nyung paraissaient tristes et désabusés contrastants fortement avec la relative joie de vivre des villageois que nous avions croisés jusqu’à présent, Mr Book n’est pas étonné. Il nous explique que des villageois proches de ce village ont trouvé de l’or récemment sur leurs terres. Et apparemment le bruit court que le gouvernement va les expulser pour exploiter un potentiel gisement. La veille au soir les indépendantistes Shan ont déclaré qu’ils reprenaient la lutte armée contre le gouvernement. Les habitants de Pan Nyung venant d’apprendre cette nouvelle devaient probablement être inquiets lorsque nous avons traversé leur village. Apès avoir pris congé de Mr Book et promis de lui envoyer une carte postale de Mongolie (où Augn San Suu Ki vient de se rendre), nous sortons pour dîner chez Mister Food. Nous y rencontrons Yohann, un Breton réalisant un tour du monde également. Nous lui racontons notre randonnée ce qui l’enthousiasme. Il décide de partir à Nahmsan dès le lendemain. Quant à nous, nous ferons une journée de bus demain pour nous rendre à Bagan.
07/06/2013 - Hsipaw – Nyaung U
Le bus ce matin nous prend devant l’hôtel à 5h30. C’est donc un peu fatigués de nos deux jours et demi de marche que nous nous posons sur nos sièges. Un arrêt « petit-déjeuner » à Pyin U Lwin et 6 heures de bus plus tard, nous arrivons à Mandalay. Nous prenons un pick-up pour nous rendre dans une autre gare routière et prenons des billets pour le bus local allant à Bagan. Nous pensions le trajet de 4 heures, en fait c’est le double. Nous nous rendons compte un peu tard de notre erreur. Les bus locaux sont généralement bondés et il n’y a évidemment pas d’air conditionné. Mais nous ne souhaitions de toutes façons pas attendre 4 heures dans la gare routière pour prendre le bus VIP c’est-à-dire celui pour les touristes avec air conditionné et sièges moelleux. Les Birmans portent une grande attention aux touristes et nous réservent souvent les meilleures places dans les bus. Le chauffeur vient donc nous installer les premiers en nous allouant des sièges qui avaient probablement déjà été réservés. Nous sommes assis sur la roue arrière qui est sans conteste notre place préférée depuis la Bolivie car elle permet de bien faire corps avec la route… Mais nous sommes à côté ce qui ne semblait pas possible d’après le plan d’occupation du bus que ML avait vu. Une fois tout le monde monté nous sommes une cinquantaine avec les passagers sur le toit. Le bus doit comporter une trentaine de sièges « fixes », des tabourets en plastiques sont installés dans l’allée centrale pour accueillir des passagers supplémentaires, la planche arrière réservée aux bagages peut encore accueillir 4 ou 5 passagers et les assistants du chauffeur voyagent sur le toit lorsqu’il n’y a plus de place dans le bus. C’est donc bien enfoncés dans nos sièges, les genoux calés contre le dossier de devant, les coudes des voisins dans les côtes que nous entamons ces 8 heures de route. Les paysages ruraux que nous traversons sont splendides mais au bout de quelques heures une certaine lassitude s’installe pour ne pas dire un certain engourdissement… Arrive alors une pluie torrentielle qui met à l’épreuve l’étanchéité du toit et provoque ainsi un réagencement du bus afin d’éviter les filets d’eau. Nous stoppons finalement à l’entrée du site de Bagan où l’on nous demande de descendre pour payer notre obole au régime (en dollars avec des billets neufs de préférence plutôt qu’en monnaie locale). Nous sommes déposés 5 minutes plus tard à Nyaung U. Après deux tentatives dans des hôtels recommandés par le Lonely Planet mais trop chers nous atterrissons dans une guesthouse qui au premier coup d’œil avait paru correcte à ML. Au deuxième coup d’œil nous avons malheureusement pu voir les cafards…
08/06/2013-09/06/2013 - Bagan
Bagan jour 1
Après une bonne nuit de sommeil dans une chambre à la limite de la salubrité, nous réalisons rapidement que l'eau a été coupée et qu'il va donc être difficile de prendre une douche avant le petit déjeuner. Nous nous dirigeons donc vers la salle où est servi le repas, non sans avoir salué au passage un cafard qui se ballade devant notre porte. On nous annonce que de travaux sont en cours et que l'eau courante et l'électricité devraient être rétablis lorsque nous regagnerons nos pénates. Nous partageons le petit déjeuner avec deux jeunes Françaises (dont une originaire de Chateaubourg) venues à Bagan faire un stage d'un mois dans un atelier de laque. De retour dans la chambre et constatant que l'eau ne coule toujours pas, nous bouclons les sacs et allons à la réception pour faire le check-out. Là, notre demande de ne payer que le prix d'une chambre basique reste vaine; nous abdiquons rapidement pour quitter ces lieux. A peine sortis, Alex réalise qu'il a oublié son chapeau. Nous passons par les différents hôtels et auberges visités la veille pour se rendre à l'évidence: le chapeau est soit resté dans le bus, soit au péage "touriste" pour l'entrée sur le site de Bagan. Nous partons à pied à la recherche d'un nouvel hôtel avant de prendre une calèche dès un premier échec. Dès l'enregistrement effectué dans notre nouvel hôtel, nous déposons notre linge à la réception avant de louer des vélos et rouler vers les innombrables stupas, pagodes et temples de "Old Bagan". Le temps est plutôt clément : des nuages nous protègent d'un soleil de plomb et un léger vent contraire nous apporte un peu d'air. Nous avons l'impression de traverser un site archéologique de plusieurs kilomètres tant les constructions se succèdent. Ne pouvant pas visiter l'ensemble des monuments nous passons par la Porte Tharabar de l'enceinte qui entourait l'ancienne ville et débutons par les plus fameux temples: Ananda Pahto et Thatbyinnyu Pahto.
Souhaitant profiter de la perspective vantée par le Lonely Planet sur la seconde pagode, nous tentons de monter sur le mur d'enceinte du Old Bagan. Un jeune en scooter nous interpelle alors en nous indiquant qu'il y a de nombreux serpents à fréquenter les lieux. Nous rebroussons chemin sans avoir réussi à jouir de la fameuse perspective. Nous sommes ensuite conviés à discuter à l'ombre du mur par le jeune homme qui nous indique dans un bon anglais qu'il a des peintures à nous présenter et que "regarder c'est gratuit". Nous acceptons par politesse en nous disant que c'est aussi l'occasion pour lui de pratiquer la langue de Kate et William (on a les références qu'on peut). Le discours est bien rodé; il est étudiant et sur son temps libre il peint puis vend ses œuvres pour financer ses études. Il nous explique succinctement ses compositions originales et nous demande quelles toiles nous aimons. Lorsque nous lui faisons comprendre que nous ne sommes pas emballés et restons hermétiques à ses arguments sur la possibilité de trimballer plusieurs mois une des croutes dans nos sacs, le ton change rapidement et devient accusateur: "Vous aviez déjà décidé de ne pas acheter. Vous m'avez fait perdre mon temps...". Pour détendre l'atmosphère Alex donne gentiment son avis en expliquant quel type de toile est susceptible de plaire à des Européens. A défaut de calmer le jeu, l'effet est assez radical sur le discours du "peintre" qui vend des toiles depuis des années et qui n'a aucunes suggestions à recevoir. Nous quittons donc l'arnaqueur désabusé et le laissons à la recherche de proies pour ses peintures identiques à celles que vendent les marchands des temples et autres vendeurs ambulants. Nous reprenons nos vélos pour écumer les édifices suivants: Dhammayangyi Pahto, Sulamani Pahto et Pyathada Paya.
Nous nous arrêtons à cette dernière que nous gravissons pour admirer le coucher de soleil et admirer la vue sur la plupart des monuments que nous avons découverts pendant la journée. Nous reprenons les vélos dans la pénombre. Nous regagnons la route goudronnée non sans efforts après une dizaine de minutes sur les chemins sableux de "Old Bagan".
Bagan jour 2
Nous prenons le petit déjeuner sur le toit de l'hôtel. Nous prenons le temps par obligation car l'armée mexicaine que constitue le personnel éprouve quelques difficultés à cuire 2 oeufs sur le plat et éplucher une mangue. Une étape fermeture des sacs plus tard, nous quittons les lieux et passons, comme convenu la veille à la compagnie de bus dans l'espoir de récupérer le chapeau d'Alex. Les espoirs sont vite déçus. Nous changeons de loueur de vélos et optons pour un qui a des bicyclettes pour adultes (Alex se cognait les dents avec ses genoux hier à chaque tour de pédale). Sur nos nouveaux engins nous filons vers "New Bagan" où ont été délocalisés les artisans de laque en même temps que la population. Nous visitons un premier atelier où nous voyons quelques ouvrières à l'œuvre. Faute de commentaires explicatifs, ML tente de décrire les différentes étapes du processus fabrication à Alex. De nombreux artisans étant en pause déjeuner, les ateliers tournent au ralenti. Nous en profitons pour visiter Nan Paya et Manuha Paya qui se situent non loin. Le premier temple présente un Bouddha assis et un Bouddha allongé de grande taille emprisonnés dans des pièces exiguës. C'est en fait une représentation de l'emprisonnement du roi Manuha. Quelques tours de roues plus tard et après avoir traversé le village, nous avons la chance de voir NanPaya qui est le bâtiment où a été enfermé le roi Mon pendant de longues années. Nous résistons une nouvelle fois aux "c'est pas cher, c'est joli" des marchandes du temple et partons visiter un second atelier de laque. Cette fois-ci nous avons droit aux explications intéressantes du patron. (pour plus d'informations http://fr.wikipedia.org/wiki/Laque). Nous retournons déjeuner dans le même coin qu'hier dans un restaurant végétarien dont la pancarte indique "nous ne sommes pas encore dans le Lonely Planet, mais notre famille considère que nous préparons la meilleure nourriture". La nourriture est exquise et les lassis à pleurer, le service des plus accueillants. Nous commandons une seconde fois la même chose à emporter en prévision de notre trajet de bus nocturne. Nous reprenons ensuite notre chemin pour aller visiter une des pagodes qu'il est possible de gravir pour profiter d'une vue panoramique sur le site. A peine avons-nous posé les vélos qu'un enfant vient à notre rencontre et après un "How are you?" tente de nous vendre des cartes postales. Nous lui faisons comprendre que nous ne lui donnerons pas d'argent pour ne pas encourager le travail ou la mendicité des enfants. Nous lui donnons au contraire un crayon et l'encourageons à aller à l'école. Nous nous déchaussons et avons commencé l'ascension lorsque nous réalisons que le gamin nous accompagne. En faisant le tour des terrasses, nous avons le droit aux noms des différents monuments et à quelques explications. Nous ne comprenons malheureusement pas grand-chose car notre guide improvisé souffre de problèmes d'élocution probablement lié à un bec de lièvre. Ce bambin est des plus touchants et nous sommes frustrés de ne pouvoir réellement l'aider. Nous entamons la descente lorsque nous l'entendons rappeler à l'ordre une touriste qui se permet de gravir le monument sans s'être déchaussée. Cette dernière, sous prétexte que le sol est brulant, enfreint les consignes et manque de respect aux croyances locales. Le "no shoes" et les cris sont efficaces et la jeune Espagnole se conforme aux règles. Nous échangeons nos impressions birmanes avec le couple hispanique, puis au grand bonheur du petit vendeur, nous le laissons nous prendre en photo et regarder le résultat sur l'appareil de ML. Il semble vraiment ravi. De retour au pied du temple, nous lui redonnons un crayon en lui disant de retourner à l'école pour devenir guide et lui offrons un soda, ce qui semble déplaire à la vendeuse qui lui parle sur un ton virulent mais qui est néanmoins contente d'augmenter sur son chiffre d'affaires de la journée. Nous laissons là ce petit bout d'homme en espérant (probablement vainement) qu'il aura l'occasion d'accueillir des touristes et leur faire profiter de ses connaissances une fois devenu guide. Quelqu'un lui a appris quelques rudiments d'anglais pour alpaguer le visiteur, nous doutons donc qu'il ait le choix entre suivre une scolarité et rapporter de l'argent à un adulte de sa famille ou de son entourage. Nous regagnons l'auberge où l'armée mexicaine est toujours présente et doit demander l'aide du patron pour nous dire d'attendre le bus devant l'hôtel. Après quelques minutes d'attente nous voici en route pour le lac Inle.
10/06/2013 - Lac Inle
Nous arrivons à 3h du matin au lieu des 6h prévues. La nuit a non seulement été courte, mais aussi légère du fait de la conduite sportive du chauffeur. A peine arrivés à Nyaungshwe, nous devons payer une première taxe. L'heure est trop matinale pour que nous nous mettions à la recherche d'un logement à pied. Nous prenons donc un tuk-tuk et devons insister pour qu'il nous emmène où nous souhaitons et non aux nouvelles adresses avec lesquelles il a probablement des accords mais qui ne rentrent pas dans notre budget. Après deux échecs, hôtel complet ou fermé pour la nuit, nous réveillons le patron du Gipsy Inn. La chambre qu'il nous propose est tout à fait convenable et nous décidons d'y terminer notre nuit. Quelques heures de sommeil plus tard, nous croisons l'hôtelier. Nous profitons de l'occasion pour nous excuser et demander quelles sont les options pour découvrir le Lac Inle. La journée étant déjà entamée, nous prenons un tour sur le Lac principal pour visiter quelques ateliers d'artisanat, les jardins flottants et quelques villages. Le commandant de notre embarcation nous retrouve à la réception de l'hôtel; de là 20 mètres suffisent pour rejoindre le quai. Nous partons voguer pour quelques heures. Après un arrêt dans un des établissements hôteliers pour tenter de négocier un prix "basse saison" pour une nuité sur le lac, nous dirigeons vers un premier village. A peine débarqués au pied d'une boutique de bijoux en argent mitoyenne de l'atelier, des femmes girafes sont poussées vers l'entrée pour que les touristes puissent faire quelques photos. Tout est bon pour faire du pognon... La visite de l'atelier de la bijouterie est plus rapide que celle de la boutique...Le second stop est un atelier de tissage de soie et coton. Après une visite de l'atelier et l'explication des différents postes, nous faisons une séance d'essayage histoire d'avoir quelques vêtements amples et couvrant en prévision de nos futures étapes asiatiques. Au final, Alex repart avec une chemise et un pantalon shan (du nom de l'ethnie), ML avec une écharpe en soie. Avant de déjeuner, nous rejoignons, toujours en bateau la pagode Phaung Taw Op, lieu le plus sacré du lac Inle. Les objets les plus marquants sont 5 boules dorées qui trônent au milieu de la pagode.Il s'agit en réalité de représentations du bouddha qui ont pris de l'embonpoint tant les offrandes de feuilles d'or sont conséquentes. Après une pause dans un des nombreux restaurants sur pilotis, nous enchainons la visite d'un atelier de forge où nous assistons au travail de forçats pour le modelage de quelques lames d'épées. A côté, nous visitons un atelier où une dizaine de femmes confectionnent des cigares. Par politesse plus que par envie, nous tirons quelques lattes d'un cigare birman. Nous quittons les lieux pour nous diriger vers les jardins flottants au Nord de Nampan. Le spectacle est surprenant : des dizaines d'hectares sur le lac sont dédiés à la culture des tomates et d'ail. La culture n'est pas réalisée sur des îles mais sur des substrats végétaux flottants. Sans rentrer dans les cultures nous navigons entre les champs où la production est ramassée depuis des pirogues. L'étape suivante est Nga Hpe Kyaung, monastère où des moines, entre deux séances de méditation, dressent des chats à sauter à travers des cerceaux. Nous ne pouvons assister au spectacle, mais profitons des portes encore ouvertes pour admirer ce monastère en bois et les nombreuses statues de bouddha que contient le temple. Nous terminons la journée en profitant de la lumière fléchissante sur le lac et de quelques nouvelles scènes de pêche.
11/06/2013 - Lac Inle
N'ayant pu passer au marché d'Inthein hier du fait de notre départ tardif de l'auberge, nous rejoignons l'embarcadère à 6h pour être parmi les premiers touristes à atteindre l'un des principaux marchés du lac Inle. Après 40 minutes de bateau sous un crachin que certains qualifieraient de breton, nous voici à destination. A notre surprise, nous sommes conviés à descendre du bateau pour rejoindre le marché qui a lieu sur terre du fait du faible niveau des eaux. Nous parcourons les quelques allées, appareils photo en mains en tâchant de saisir quelques scènes sans déranger les Birmans dans leurs transactions. Les chaussures alourdies par la boue, nous retrouvons le bateau un peu frustrés de ne pas avoir vu de locaux en costumes traditionnels. Alex a néanmoins réussi à surprendre quelques vendeuses en coiffe en pleine séance de maquillage avant de s'occuper de leurs stands. Nous reprenons le bateau pour un trajet d'environ 3 heures jusqu'au second lac, le lac Sarnkar qui ne doit son existence qu'à une retenue hydroélectrique en aval. Le bateau file à travers des paysages de rizières, villages sur pilotis... Nous faisons un premier stop pour visiter la pagode Tar Kaung qui présente une collection remarquable de stupas. Malheureusement, le site est plus beau de loin que de près. En effet le site, détruit en grosse partie par un séisme, est en cours de restauration selon des méthodes similaires à celles trop souvent utilisées à Bagan: le ciment a remplacé les briques, les donateurs ont le droit à une plaque avec leur noms sur le stupa rénové. Tout cela atténue l'intérêt historique ou architectural du lieu. Nous reprenons le bateau jusqu'au village Sankar. A peine debarqués notre guide nous demande si nous sommes intéressés par visiter quelques stupas. Les monuments ne nous semblant pas restaurés et quasiment à l'abandon du fait des herbes hautes et sauvages les entourant nous acceptons la proposition. Là notre jeune accompagnatrice nous répond qu'elle nous attend car elle craint les serpents qui squattent les lieux. En sandales et n'ayant pas d'affinités particulières avec ces reptiles nous prenons quelques photos de loin avant de poursuivre notre chemin. Nous approchons tout d'abord d'une pagode après avoir longé un monastère. La pagode présente quelques caractéristiques d'une influence hindou (entre autres des bas-reliefs comportant des nats ou autres créatures). Nous poursuivons notre découverte du village en marchant sur la route principale envahie par les enfants pendant leur pause déjeuner. Pour notre pause de mi-journée, notre guide nous emmène dans un hôtel-restaurant flambant neuf où le personnel est plus nombreux que les clients. Nous profitons d'un excellent repas en contemplant le lac depuis la terrasse où nous sommes installés. Moment de calme et sérénité, loin des attractions touristiques et religieuses de la veille. Nous rejoignons une fabrique artisanale d'alcool de riz vers Thaya Gone, non sans difficultés du fait du faible niveau des eaux. Après quelques explications sur le processus de distillation et la consommation des locaux nous avons le droit à une petite rasade moins douloureuse que ce que les vapeurs d'alcool pouvaient laisser présager. La guide nous fait comprendre qu'il est temps de regagner l'embarcation. Nous arrivons à bon port après 3 heures sur l'eau et un dernier passage à travers un village sur pilotis où notre guide se fait gentiment chambrer par sa famille. De retour à l'auberge nous récupérons nos sacs et sommes emmenés à l'agence où le bus pour Yangon est sensé nous récupérer. Nous patientons une grosse heure en compagnie d'un couple de Brésiliens eux aussi en long voyage. Nous partons avec une heure de retard, retard que le chauffeur ne manquera pas de combler sur les routes montagneuses et en lacets qui mènent vers Yangon. La nuit est un peu longue mais nous trouvons le sommeil après la traditionnelle pause repas.
12/06/2013 - Yangon
Nous arrivons à l'aube après une nuit passée dans le bus. Nous prenons place sur la partie sèche de la banquette arrière d'un taxi dont le toit n'est visiblement pas à l'épreuve de la pluie. Nous échouons au Mother Land Inn une nouvelle fois faute d'avoir trouvé une meilleure adresse. Nous y retrouvons Thyphaine et sa maman, deux Françaises en vacances en Birmanie et que nous avions déjà rencontrées deux fois à Mawlamyine et Hsipaw. Nous prenons le petit-déjeuner ensemble puis nous nous attelons au remplissage du formulaire de demande de visa pour la Chine. Nous sommes en effet rentrés à Yangon pour déposer nos demandes. Nous partons ensuite en taxi pour l'ambassade chinoise et constatons une fois sur place que celle-ci est fermée en ce mercredi de festival du dragon... Dépités nous nous faisons déposer au marché Bogyoke Aung San et croisons à nouveau Thyphaine et sa maman... Après une petite balade entre les 2000 échoppes du marché nous allons déjeuner de quelques délicieux samoussas et nouilles dans un petit restaurant indien. Nous passons le reste de la journée à écrire le blog et combler le retard des dernières semaines. Dans la soirée nous allons prendre un cocktaïl en haut de la Sakura tower pour admirer la vue sur Yangon de nuit.
13/06/2013 - Yangon
Nous sommes à 9 heure moins 5 à l'ambassade de Chine qui ouvre à 9h et constatons cette fois qu'il y a déjà une vingtaine de personnes devant nous. Nous passons d'une première salle d'attente dans une seconde et commençons le jeu des chaises musicales: à savoir pour toute la salle d'attente se décaler d'une chaise à chaque fois qu'une nouvelle personne est appelée au guichet... De la gestion de la file d'attente en Chine... Nous nous rendons alors compte que nos formulaires récupérés à l'ambassade de Chine à Canberra sont légèrement différents de ceux birmans bien qu'ils portent la même référence. Nous préférons donc remplir de nouveaux formulaires pour ne pas avoir de problèmes. Lorsque notre tour arrive nous présentons comme demandé sur le site internet de l'ambassade et tel qu'il nous avait été expliqué à l'ambassade à Canberra: toutes nos réservations d'hôtel pour notre séjour en Chine, notre itinéraire de vol, nos réservations d'hôtel en Mongolie prouvant que nous quittons le territoire chinois 3 jours après notre arrivée. A Canberra on nous avait également expliqué qu'une lettre d'invitation n'était pas nécessaire pour séjourner chez des amis à Shanghaï ni les billets de train mongols. Sans même considérer notre dossier la fonctionnaire chinoise nous colle à la vitre une feuille avec une liste manuscrite de documents supplémentaires, le premier étant un certificat d'employé étranger en Birmanie. Nous lui expliquons que nous sommes de simples touristes et que nous postulons pour un visa touriste. Ceci la laisse perplexe mais nous pouvons passer au point 2 de la liste qui en comporte 6. Il nous faut une lettre d'invitation en Chine. Elle nous colle alors à la vitre une lettre rédigée en chinois et sur laquelle figure un tampon officiel. A nos questions quant au contenu de la lettre et l'autorité qui doit la signer, elle se borne à nous montrer la lettre. Nous comprenons cependant que si nous avons une réservation d'hôtel à Shanghai, nous n'avons pas besoin de lettre. Il est 10h30 lorsque nous quittons l'ambassade, ne nous laissant que 30 minutes avant la fermeture au public. Nous filons dans un centre internet pour faire une réservation d'hôtel à Shanghaï et sommes de retour à l'ambassade à 10h55. Le gardien nous laisse directement rentrer dans la deuxième salle d'attente nous épargnant quelques heures supplémentaires de file d'attente. La prix Nobel derrière son guichet semble transportée de bonheur en nous voyant à nouveau. Elle feuillette rapidement notre dossier (qu'il nous a fallu à nouveau remplir pour mettre la nouvelle adresse à Shanghaï) et nous ressort la liste manuscrite et le point numéro 2. ML insiste alors pour en connaitre le contenu et l'autorité émettrice. Réponse de la fonctionnaire qui commence à être passablement irritée par notre insistance: "je ne peux pas expliquer en anglais, vous devriez connaitre le chinois"...et de commencer à nous crier dessus en chinois...pour conclure en anglais après que nous lui avons dit ne pas avoir compris sa petite digression en chinois "vous devez rentrer dans votre pays pour obtenir vos visas"...Moment d'antologie... Ainsi congédiés ML lui dit de ne pas s'inquiéter que nous reviendrons, ce qui nous vaut quelques sourire sous cap dans la salle d'attente. En 4 heures passées à l'ambassade ce matin-là nous n'avons vu que très peu de dossiers acceptés. Un Argentin, seul autre occidental, et en possession d'une lettre d'invitation s'est vu également refoulé faute d'avoir la fameuse lettre sur laquelle il n'a pas eu plus d'information que nous... Alex en revanche a vu un dossier birman accepté sans aucune pièce justificative. Si vous avez deux jours à perdre a Yangon, nous recommandons vivement l'ambassade de Chine.
Nous allons déjeuner d'un curry dans le quartier des ambassades aussi bien fréquenté par les employés locaux que les expatriés. Nous décidons de ne pas perdre plus de temps avec l'ambassade à Yangon qui visiblement n'a pas l'habitude des demandes étrangères et de gérer nos visas à Bangkok. Nous passons le reste de l'après-midi sur internet puis allons acheter nos billets de bus pour le lendemain. Nous partirons sur la côte à 6 heures de route à l'Ouest de Yangon, Chaung Tha Beach.
14/06/2013 au 15/06/2013 - Chaung Tha Beach
Nous quittons l'auberge vers 5 heure pour nous rendre à la gare routière qui se trouve à une heure de route en dehors de la ville. Il pleut des trombes d'eau, un temps parfait pour aller à la plage. Bien que la zone soit autorisée aux touristes, nos passeports sont contrôlés en cours de route par les militaires. Notre chauffeur, un jeune cool apprécié de ses dames, est adepte de la conduite dite "au klaxon" rendant les 6 heures de trajet insupportables. Après une pause repas et une seconde à Pathein nous arrivons finalement à bon port. Le bus nous dépose devant un hôtel avec lequel sa société a des accords. Nous acceptons d'aller visiter leur nouvel hôtel (pas encore mentionné dans les guides). Il se trouve à l'écart du village et ses petits bungalows font face à la mer. Nous décidons de rester 2 nuits pour nous reposer. Les seuls autres clients sont 2 couples de Français... Entre balades sur la plage où nous sommes photographiés par les touristes locaux telles des stars, visite du village de pêcheurs voisin, baignade dans la baie du Bengale et dégustation de poissons grillés, ces 2 jours passés à Chaung Tha Beach ont un petit goût de vacances dans les vacances.
16/06/2013 - Yangon
Nous quittons Chaung Tha Beach à 6 heure du matin et faisons le trajet de retour à Yangon. La lumière matinale sur les risières de la région du delta est superbe. Arrivés à Yangon en début d'après-midi, nous nous installons dans une petite auberge près de la pagode Sulé. Nous partons ensuite en quête de cartes postales. Deux gamins aux abords de la pagode essaient de nous aider et partent à la recherche des vendeurs ambulants qui harcèlent généralement les touristes à l'entrée du temple. Sans succès! Nous sillonons la ville. Peine perdue, nous sommes dimanche, l'industrie de la carte postale chôme.
17/06/2013 - Yangon - Bangkok
Nos dernières heures birmanes sont chargées: il nous faut trouver des cartes postales, acheter des timbres, les écrire et nous rendre à l'aéroport. Pendant que ML prend son petit déjeuner Alex file à la pagode Sule dans l'espoir de trouver des vendeurs ambulants qui proposeraient des cartes postales. Les recherches sont vaines et c'est bredouille qu'Alex retourne au boui-boui Shan où ML termine son bol de nouilles. Nous prenons le premier taxi que nous voyons et demandons une course pour l'aéroport avec un stop à la poste centrale de Yangon qui ouvre selon le Lonely Planet à 8h. Là encore le LP prouve toute son utilité: la poste n'ouvre pas avant 9h. Notre chauffeur de taxi constatant notre embarras à la gentillesse de demander dans quelques boutiques proches du bâtiment ; il trouve dans un premier temps dix timbres dans une minuscule échoppe, puis parvient à trouver les quelques timbres manquant après avoir rameuté la moitié de la rue. Nous partons donc pour l'aéroport où il nous faut encore trouver quelques cartes et les écrire. Après nous être enregistrés nous demandons s'il y a une poste. La réponse est négative. Il y a juste une boite aux lettres au terminal international. Nous sommes néanmoins conviés à aller voir au terminal domestique. Alex prend ses jambes à son cou et enchaine les sprints d'un bâtiment à l'autre. Le terminal domestique n'est pas en face de l'international contrairement aux premières indications reçues. Les hôtels et restaurants ne sont pas capables de rediriger Alex vers une quelconque poste. De retour au terminal international, Alex reprend de nouvelles directions et repart en courant. Le terminal domestique est digne d'un minuscule aéroport de province, le bâtiment ne permet pas de s'y perdre. Parmi les trois magasins du terminal Alex parvient à trouver le Graal: une collection de cartes vintage. Le grain est proche de celui d'un épisode de Derrick, le choix extrêmement limité. Les emplettes terminées, Alex retourne en courant au terminal international. Au passage des cantonniers l'interpellent et lui montrent une boite de médicaments tomber lors de la course effrénée de l'aller. Le temps d'écrire trois cartes chacun et il faut se diriger vers la porte d'embarquement. Le voyage s'annonce long pour ML qui tient une bonne migraine...
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